- les trésors photographiques d'Alain Montourcy


Alain Montourcy est un briviste, comme beaucoup d'entre nous amoureux de sa ville natale.

Il y a quelques mois, il a eu la chance de découvrir un véritable trésor chez un brocanteur de Cahors : un album de photographies anciennes, dont beaucoup semblent antérieures à 1900. Parmi elles, 16 sont des images de Brive. Les autres sont des vues de villages des alentours qui n'ont pas tous été identifiés.

Alain Montourcy a eu l'excellente idée de nous faire part de sa trouvaille. Notre expert maison, M. V., l'a aidé à localiser les quelques images de Brive qu'il n'avait pas encore réussi à situer et il a retravaillé les clichés devenus un peu pâles au cours des temps, pour leur redonner leur bel aspect d'autrefois de couleur sépia.

L'heureux collectionneur a bien voulu accepter de partager ses découvertes avec tous nos visiteurs, en nous autorisant à les mettre en ligne. Elles ne seront pas livrées ici de façon brute, mais accompagnées de commentaires et d'images (cartes postales, ou bien autres photographies anciennes ou récentes) qui aideront chacun à bien les situer. Avec même quelques digressions !

Alors, sans plus attendre, plongeons avec délice dans le Brive du dix-neuvième et du tout début du vingtième siècle, et régalons nous tous ensemble. Et n'hésitez pas à cliquer sur les images pour les agrandir et mieux les apprécier.


Notre promenade dans l'album d'Alain Montourcy débute par une large vue d'une rue de Brive que vous allez bien vite identifier.


Au premier plan, deux hommes s'affairent à réparer une brouette. Derrière eux, un cheval est attelé à une charrette avec deux pièces de bois pointues à l'avant et deux à l'arrière. Cet étrange véhicule semble être adapté au transport de pièces longues et volumineuses. C'est peut-être le camion de l'époque des services municipaux qui travaillent ce jour là dans cette rue. Sur la droite de la photo, deux ouvriers et une dame sont en grande discussion. Voici un zoom sur les parties les plus intéressantes de l'image :


Et voici quelques autres plans, autour du magasin central de l'image; nous sommes dans une rue très commerçante.



























La rue est encore pavée;                                                                                                  Ici elle est enneigée.

Là, un bel attelage de 4 chevaux tire une calèche avec cocher en grande tenue et plusieurs passagers,
peut-être des militaires.

Vous avez identifié cette rue de Brive ? Bien ! Nous sommes effectivement rue Toulzac. Pour permettre des comparaisons reprenons notre première image, à coté d'une photographie réalisée en novembre 2013.

(Doc. M. V.)

La photo la plus ancienne de ces quatre premiers trésors est certainement la deuxième. Au centre, la "Maison modèle L. Vanier vendait confections, costumes et draperies. A sa droite, c'est la "bijouterie, horlogerie, orfèvrerie" de Mr J. Boutot. Plus loin la boutique de P. Labrousse (?) semblait vendre du luminaire.
Les trois autres photographies, plus récentes, nous permettent de découvrir les commerces ayant ultérieurement occupé ces emplacements. Mr Manière, successeur de Mr Orfeuil, vend des chaussures "en tous genres", "en gros et en détail", à l'emplacement jadis occupé par Mr Vanier. Mr Boutot a laissé sa place à la "Chapellerie parisienne" de Mr Marty dont l'enseigne, un grand chapeau surplombant la vitrine (visible sur deux des photos) permettait de repérer de loin la boutique. Un grand nombre de chapeaux sont empilés dans sa vitrine et attendent le client qui ne manquera pas de pousser la porte après avoir lu le slogan "Marty vend le meilleur marché". En dessous de chez Manière, on devine un magasin de "porcelaine, cristaux et faïence", et plus bas encore, la "chapellerie moderne".

Comparons maintenant avec les boutiques de novembre 2013.
La boutique Manière (ex Orfeuil et Vanier) est maintenant occupée par l'opticien "Optic Toulzac", au numéro 33 de la rue. Le marchand de chapeaux Marty et la boutique d'après (Labrousse ?) ont été remplacés par le magasin de chaussures Etam. Sur la gauche d'Optic Toulzac, après la porte qui permet vraisemblablement d'accéder aux étages, se trouvent les magasins "Un jour Ailleurs" (à la place du magasin de "porcelaine, cristaux et faïence") et "Bleu Citron" (à la place de la "chapellerie moderne").

Entre hier et aujourd'hui, on remarque de plus quelques changements de détails dans l'architecture  : trois fenêtres rectangulaires (au dessus du magasin Manière et à sa droite) sont devenues semi-circulaires, les "corbeaux" qui soutiennent les balcons ont pour la plupart changé de forme et ont doublé d'épaisseur, des ouvertures supplémentaires à l'extrême droite de l'image ont été ajoutées sur le toit. Et bien sûr, les devantures des boutiques n'ont plus tout à fait le même aspect.
Continuons à feuilleter l'album de Mr Montourcy. La photographie  qui suit nous présente la Pharmacie Commerciale de Mr Louis Bosredon. Pas vraiment d'arrière-plan pour la localiser !



C'était pourtant facile (? ? ?) ! Encore fallait-il faire le rapprochement avec cette vieille carte postale pas très connue, qui date approximativement de la même époque. Ce que A. M. et M. V. ont réussi à faire, chacun de son coté !

(Doc. delcampe.net)

Et oui, nous sommes toujours rue Toulzac. L'emplacement, à l'angle haut de la place du Civoire, fut plus tard occupé par la bijouterie Jaubertie : les anciens brivistes se souviennent de la grande horloge en forme d'étoile dorée qui signalait de loin la boutique aux chalands. Elle était d'ailleurs en place du temps de Mr Leygonie, le prédécesseur de Mr Jaubertie en ces lieux.
















(Doc. delcampe.net)


Quittons la rue Toulzac, mais nous y repasserons, c'est promis, en fin de page.


Nous restons dans le quartier. Pas de problème de localisation pour cette sixième photographie tirée de l'album :



Il s'agit bien sûr d'une vue générale du marché du Civoire. D'ailleurs, si nous avions quelques doutes, la carte postale qui suit nous renseigne : nous y retrouvons les mêmes immeubles, et nous avons en plus une légende :

(Doc. delcampe.net)

Plus compliqué avec cette autre photographie : M. V. l'a cependant localisée presque sur le champ.




Nous sommes toujours sur la place du Civoire, et, à titre de preuve, notre porte apparait sur cette carte postale, qui va vous permettre de la situer avec précision : c'est celle du bâtiment de droite (la place du Civoire s'appelait, à ce moment là, place Latreille) :

(Doc. delcampe.net)

De nos jours elle existe encore, avec sur le mur de droite, la sonnette qui a été conservée, et elle a cet aspect là (clichés JPC de novembre 2013) :

















A gauche et ci-dessous, la vieille porte d'entrée en bois est fermée, à droite elle est ouverte. Sa partie supérieure est cachée par le nom du magasin; elle donne accès à la boutique "Esprit" (en liquidation en juillet 2014), par l'intermédiaire d'une deuxième porte, moderne, en verre et alu.




Nous changeons complètement de quartier, et nous nous retrouvons sur la Guierle. Les deux premières photographies sont absolument superbes.

Nous sommes ici dans la Grande Allée. Dans le fond, c'est l'Allée du Tapis Vert, et la Corrèze. La haie que l'on aperçoit en arrière-plan est de l'autre coté de la rivière. Des mamans, ou plus vraisemblablement des nourrices promènent ici leur enfant, ou l'enfant dont elles ont la charge.


Nous arrivons à la prise d'eau du canal sur la Corrèze, à hauteur du "petit pont". Vous en trouverez des images plus récentes, en deuxième partie du site, sur notre page consacrée au canal Le Clère. Nous y retrouvons mères de famille, nourrice et enfants.

Les deux images qui suivent offrent moins d'intérêt, et sont plus banales. Nous sommes toujours sur la Guierle : beaucoup de personnages déambulent.



La photographie ci-dessus a cependant l'intérêt de nous permettre d'oser formuler une hypothèse au sujet de l'auteur de ces différents clichés. Elle ne vous dit rien cette photo ?
En fait, c'est une vue de la Guierle qui a été éditée en carte postale (avec un cadrage très légèrement différent) par Messieurs Meyrignac et Puydebois, les éditeurs brivistes de cartes, bien connus, qui avaient succédé à Mr Valéry.


(Doc. delcampe.net)

Or Mr Most dans "Brive dans la première moitié du siècle" (pages 103 et 104), nous apprend, preuve à l'appui, qu'ils étaient installés au 16 rue Toulzac, c'est à dire presque en face de la boutique de Mr Manière avec laquelle nous avons ouvert notre page. Si l'on ajoute à cela qu'à l'époque peu de personnes possédaient l'imposant matériel nécessaire pour faire des photographies, nous franchirons le pas en affirmant que tous les clichés du quartier de la rue Toulzac, comme tous les autres de l'album de Mr Montourcy, sont vraisemblablement l’œuvre de Messieurs Meyrignac et Puydebois. Ce sont eux qui ont photographié à maintes reprises le magasin de leur voisin Manière. Et il est fort possible que ce soit ce dernier qui ait constitué l'album dont nous admirons aujourd'hui le contenu.
Mais de cela nous n'avons aucune preuve.


Parmi les autres images de l'album, en voici une autre vraiment superbe, elle aussi : ils ont fière allure ces Messieurs en grande tenue, et ils nous présentent une belle collection de couvre-chefs.
Mais où donc le cliché a-t-il été pris ?

Nous sommes sur le boulevard de Corrèze, aujourd’hui boulevard Général Koënig, à l'angle de la voie d'accès au Collège d'alors, aujourd'hui lycée d'Arsonval. Le bâtiment de gauche abrite de nos jours des services de la banque BNP-Parisbas. Celui d'arrière-plan est aujourd'hui la brasserie Au Bureau, qui a succédé à La Taverne de Maître Kanter.

(Doc. A. M. sur cliché Google)

Et puisque nous évoquions le collège d'alors, le voici, toujours en photo dans l'album d'Alain Montourcy. Il était alors tout neuf puisqu'il a été inauguré en 1888. Peut-être, cette vue aussi, a-t-elle été éditée en carte postale, mais nous ne l'avons pas retrouvée.


Nous nous éloignons un instant du centre ville, avec une vue de Saint-Antoine, et quelques changements, que nous vous laisserons le soin de découvrir, par rapport aux cartes postales plus récentes du même lieu, que vous trouverez ailleurs sur notre site, ou bien par rapport à vos souvenirs personnels.



 
"BONUS"                                     UN TRAVAIL D’ÉQUIPE :

UNE ENQUÊTE DE MV, POUR LOCALISER UNE PHOTOGRAPHIE DE AM,
AVEC LA PARTICIPATION DE JPC ET DE MC !!!

Nous vous invitons à suivre les détails de cette très longue et complexe enquête qui nous a permis après un cheminement particulièrement tortueux de localiser une des plus belles photographies d'Alain Montourcy.

Des cuisiniers ou des pâtissiers posent avec leur tenue de travail d'alors, devant ce qui apparait comme l'entrée de service de leur établissement. Pendant des semaines nous avons cherché à la situer, en vain.


Et puis un jour, JPC a trouvé, mise en vente sur un site qu'il affectionne tout particulièrement, mais trop mal classée pour être réellement remarquée, cette autre photographie ancienne, la pâtisserie Miremont, une enseigne que nous ne connaissions pas dans la cité.


Elle est maintenant la propriété de notre fidèle contributrice, M. C. qui nous a autorisés à la publier.
Sa localisation semblait facile à priori, car elle rappelait tout à fait la pâtisserie Compagnon que nous avons connue dans notre jeunesse, au numéro 8, vers le milieu de la rue Toulzac, avec la petite ruelle qui la longeait sur le coté. Hélas, une visite sur place nous a vite fait déchanter : le balcon au dessus de la boutique était totalement différent de celui de notre image. Jugez en.

(Cliché M. V.)

Nous faisions donc fausse route. Jusqu'à ce que M. V. ait une idée de génie. Il explique :

"Un détail important qui va bien nous aider, se situe au niveau de la vitrine de notre pâtisserie. On y voit se refléter un grand balcon avec de belles portes-fenêtres. Particularité de ce balcon : une grille qui présente un arrondi au départ, sous la main courante, puis qui descend verticalement jusqu'à une plaque de tôle. Ce balcon, avec ce type de ferronnerie et ces volets de portes-fenêtres blancs (de bas en haut partie pleine puis lamelles puis une petite partie pleine et à nouveau des lamelles) ne nous est pas inconnu, nous l'avons déjà rencontré lors de recherches antérieures, pas très loin de l'ancienne pâtisserie Compagnon puisqu'il était en face : juste en face, c'était le Crédit Lyonnais et à côté, notre immeuble qui se reflète dans la vitrine de la pâtisserie.

On soulignera également la faible profondeur du balcon tout comme celui de la pâtisserie Compagnon. La ruelle latérale correspond tout à fait à celle de la rue Toulzac".

    Le balcon, à gauche de l'ancien Crédit Lyonnais de la rue Toulzac, qui se reflète dans la vitrine de la pâtisserie Miremont, en face,

                                                                                             et qui permet de la localiser

Après cette analyse parfaitement étayée, M . V. apporte sa conclusion :

"La ferronnerie du balcon a été refaite depuis le premier cliché, mais pour moi nous sommes bien, sur cette photo de la pâtisserie Miremont, dans la rue Toulzac, devant le magasin que nous connaîtrons plus tard sous le nom de pâtisserie Compagnon".

Peut-être le raisonnement n'est-il pas limpide pour tout le monde : pour l'éclairer, il y aurait lieu de se reporter à l'énigme que nous avons posée en première partie du site, au bas de la page consacrée à la rue Toulzac, et à sa solution.

C'est à ce stade de son enquête que M. V., toujours très attentif aux détails, a eu un deuxième coup de génie :

"Passée l'étape de sa localisation, je vous invite à dévisager nos pâtissiers de la photo de la maison Miremont. Vous ne les reconnaissez pas ? Pas tous bien sûr, mais certains ne nous sont pas inconnus : aucun doute possible, le troisième personnage en partant de la gauche figure sur la photo que nous a fourni Alain Montourcy (quatrième en partant de la gauche). Le deuxième en partant de la gauche est dans l'encadrement de la porte sur la photo de A. M. Quant au personnage à côté de la femme dans l'encadrement de la porte, ce Monsieur avec ses moustaches noires pourrait bien être le deuxième pâtissier de la photo de A.M."

Ce n'était pas fini ! M. V. poursuit :

"Où a été prise la photo de nos pâtissiers, extraite de l'album ? Tout simplement dans la rue du Civoire, juste derrière. Aujourd'hui, avec les éléments qu'apporte la pâtisserie Miremont, il n'y a pas de doute. La vieille bâtisse avec sa fenêtre en angle de rue a été rasée et remplacée par une nouvelle construction. La bâtisse avec les pâtissiers a quant à elle été modifiée mais pas rasée. Ainsi on retrouve la porte qui n'a pas changé, la fenêtre ou porte-fenêtre aux volets clos ainsi que la petite fenêtre ont été remplacées par une grande ouverture. Le linteau est maintenant en béton mais toujours au même niveau que l'ancien en bois. Quant à la rue que l'on devine au fond, c'est la rue de Corrèze".

Et voici la preuve définitive par l'image, que vous ne manquerez pas de rapprocher du tout premier cliché de notre "BONUS" :

                     L'ancienne entrée de service de la pâtisserie Miremont, rue du Civoire (cliché M. V. novembre 2013)

Ajoutons, pour la petite histoire, que Mr Miremont a eu pour successeur direct Mr A. Rivière, qui plus tard laissera la boutique entre les mains de Mr Compagnon : toute une lignée de grands pâtissiers.


 
ET POUR TERMINER, UNE PHOTOGRAPHIE QUI RESTE A LOCALISER

Et oui, malgré de longues recherches, nous n'avons pas réussi à situer l'épicerie de Monsieur Henri Malivert, sans doute implantée rue Toulzac ou dans une rue toute proche.

Alors, si vous avez une idée, faites le nous savoir, preuves à l'appui, si possible !


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