- les Martini, mouleurs d'Art à Brive

Au cours des années passées,  le Musée Labenche d'Art et d'Histoire de Brive la Gaillarde (19) a organisé deux grandes expositions à la chapelle Saint-Libéral, que nous avons particulièrement appréciées.

Du 13 septembre au 20 octobre 2013, ce fut "A fleur de plâtre" que les responsables de Labenche présentaient ainsi :
"Le musée Labenche vous propose de découvrir un ensemble jusqu'alors soigneusement conservé dans ses réserves : sa collection de moulages historiques.
Produits dès l'Antiquité, les moulages en plâtre ont pour fonction principale de reproduire une pièce unique, assurant ainsi sa diffusion et sa pérennité.
Simple copie pour les uns, précieux témoignage pour les autres, les moulages ont souvent souffert de ne pas faire l'unanimité auprès des collectionneurs comme des scientifiques.
S'ils sont parfois dépréciés, le XIXe siècle leur assure succès et prospérité. C'est pourquoi le jeune musée de Brive, nouvellement fondé par la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, se dote dès la fin du XIXe siècle d'une importante collection de moulages.
Son principal fournisseur, la maison Martini, installée à Brive -boulevard du Salan- répond à ses commandes et alimente les salles du musée de moulages d'objets de périodes variées, depuis la préhistoire jusqu'à l'époque contemporaine". (Source :  CLICK).

Du 5 juillet au 31 août 2014, "Ernest Rupin, un érudit à la croisée des chemins"  présentait un vaste échantillon des collections rassemblées par le fondateur et premier conservateur du musée de Brive, qui porta ensuite son nom. Et parmi les objets exposés, figuraient de nombreux moulages fournis par la Maison Martini.

Si chacune de ces deux expositions était parfaitement documentée, peu d'informations avaient pu être trouvées sur celle qui était dénommée "la Maison Martini".
Nous avions déjà pris conscience de ce vide mémoriel, lorsque le Musée des Monuments français créé en 1879 par Eugène Viollet-le-Duc au Palais de Chaillot à Paris sous le nom de Musée de la Sculpture comparée, nous avait contacté en  janvier 2013. Son "Adjoint au Conservateur de la galerie des moulages" connaissait notre site et voulait savoir si nous avions des informations au sujet de cette Maison Martini dont ils possédaient de rares exemplaires de la production. Nous avions alors fourni les détails que nous possédions, et les échanges avaient duré quelques semaines.

Forts de ce constat, nous nous sommes mis au travail, et nous avons cherché, afin de tirer la Maison Martini de l'oubli. C'est le résultat de ces recherches que nous vous livrons.
*

LA LOCALISATION DE L'ATELIER DE LA MAISON MARTINI


L'oubli de la Maison Martini provient en premier lieu, selon nous, d'une localisation erronée de l'adresse où les Martini exerçaient leur art, une erreur involontairement créée et entretenue par les intéressés eux-mêmes. L'adresse qu'ils mentionnaient sur les divers papiers à leur nom était la plupart du temps "boulevard du Salan à Brive". Or ils n'ont vraisemblablement jamais habité ni exercé boulevard du Salan. Tout au plus Faubourg du Salan.
Ils étaient en fait installés dans la partie haute de la toute petite rue Sallès, parallèle au boulevard, à l'angle de la rue Robert Delord (ex rue Gabriel Malès). Mais se domicilier sur le boulevard était beaucoup plus porteur en matière d'image. Cette position était d'autant plus défendable, que du boulevard lui-même, à l'intersection avec la rue Robert Delord, on pouvait parfaitement apercevoir leur grande maison, au fond d'une cour.

La localisation de la propriété Martini (en rouge et bleu), à l'angle des rues Sallès et Robert Delord (en vert).
(annotation d'un plan de 1940 édité par La Croix de la Corrèze - Col. M. V.)

Une carte postale et une carte commerciale avec le même visuel nous restituent une vue extérieure des lieux, en pleine activité. C'est la carte postale que nous avons choisi de vous présenter, scannée en haute définition, ce qui permet d'apprécier les détails de la scène, pour peu que l'on clique sur l'image. Le patron doit y figurer, mais nous ne savons pas lequel des personnages il est.

(Col. Maryse Chabanier)

La maison existe toujours, maintenant numérotée 1bis rue Sallès. Mais si vous décidez d'aller voir sur place vous risquez fort de ne pas la reconnaître. Un corps de bâtiment a été construit perpendiculairement, parallèle à la rue Robert Delord, occultant toute la partie droite de la maison d'origine. Des hangars ont aussi été implantés du côté gauche. Le petit balcon du premier étage a été agrandi ce qui complique encore l'identification. Enfin, la frise qui se trouvait autrefois juste sous l'avant-toit a disparu. L'ensemble a maintenant cette allure-là :


<=== Vue rapprochée (Cliché JPC - février 2014)















Vue depuis le boulevard du Salan.        ===>
A droite, la rue Robert Delord (Cliché M. V. - mars 2014)



Vous voudriez sans doute en voir plus. Alors pénétrons dans le salon d'exposition qui attend votre visite.





(Col.
 JPC)










Les moulages de statues anciennes ou contemporaines ou encore de bas-reliefs y côtoient les corniches, moulures et cheminées. Les modèles profanes et religieux se mélangent en toute sérénité.

*

LES MARTINI



La "Maison Martini" cachait en fait deux personnages : le père Louis-Victor, et le fils Georges Amédée.


LOUIS VICTOR MARTINI

Au cours de nos échanges, notre correspondant du Musée des Monuments français nous écrivait à son sujet en 2013 :

"Tout au plus puis-je vous indiquer qu’il s’agit certainement d’un mouleur italien, comme c’est souvent le cas dans cette profession. Dans la grande majorité, les ateliers étaient en effet tenus par des artisans originaires d’un secteur géographique homogène : la région de Lucques en Toscane. Au XIXe siècle, ceux-ci se dispersent à travers l’Europe au gré des grandes vagues migratoires. S’ils ouvrent des échoppes, certains pratiquent aussi la vente ambulante. Les mouleurs en plâtre jouèrent un rôle de premier plan dans la diffusion du goût et des arts. Ils permettaient en effet de se procurer pour une somme modique des reproductions d’œuvres d’art parmi les plus célèbres. C’est le cas de Martini qui manifestement commercialise, édite, plusieurs sculptures d’artistes qui lui sont sensiblement contemporains comme le sculpteur animalier Thomas Cartier, mais aussi d’œuvres médiévales. A cet effet, nous savons grâce à son papier en-tête qu’il travailla pour le musée de Limoges (le musée ne possède aucune info le concernant). Dans les collections du musée des Monuments français, département patrimoine de la Cité de l’architecture et du patrimoine, figurent les moulages exécutés par Martini de deux œuvres très célèbres : la tête d’une statue dite "la Bernardine" ainsi qu’une statuette dite "la Dansarelle"  [*].

[ * ]  Notons que l'original de la Dansarelle est conservé dans l'église Saint Jean-Baptiste de Chavanac (ex-canton de Sornac), en Corrèze. En calcaire polychrome du XVe siècle, il représente Salomé portant la tête de Saint Jean-Baptiste sur un plateau. Son surnom de la "Dansarelle" lui vient de la danse qu'elle fit devant le roi Hérode, pour obtenir la mort du saint, par décapitation. Elle est représentée sous l'aspect d'une jeune limousine en costume régional ].


Carte commerciale de la Maison Martini, reprenant une des sculptures de Thomas Cartier
(Doc. delcampe.net)


Depuis, nos recherches nous en ont appris un peu plus. Louis Victor Martini, dit Louis Martini, est effectivement né en Italie, le 8 octobre 1860, à Borgo-Mozzano. Il était fils d'Anamia Martini, disparu, et de Pauline Françoise Ghilardi. On ne sait rien de sa jeunesse, des conditions de son arrivée en France, ni de son installation à Brive et de la création de sa "Maison" en 1883, alors qu'il n'avait que 23 ans. Le 22 avril 1885 il épousera à Brive la dénommée Marie Lestrade, couturière, briviste née le 2 avril 1861, fille de feu Hugues Lestrade et de Marie Chassain. Elle lui donnera un fils, Georges. Plus tard, veuf, il se remariera avec Marie Bouchon, née à Bort le 18 septembre 1861.

Voici quelques en-têtes de papiers à lettres utilisés dans son commerce de la rue Sallès, tout au long de sa carrière, et même après son décès, par son fils. On notera en passant que le dessin de gauche de la dernière, est signé de Raphaël Gaspéri, dessinateur et artiste-peintre briviste qui succéda à Ernest Rupin comme conservateur du musée de la ville, de 1911 à 1935.













(Doc. delcampe.net)











(Doc. Musée des Monuments français à Paris)


La signature de Louis Martini au bas d'une correspondance (Col. Maryse Chabanier)

Louis Martini est décédé à son domicile de Brive le 21 avril 1915, à l'âge de 55 ans. La déclaration de décès en mairie a été faite par Joannès Fieyre, 52 ans, professeur, ancien maire de la ville, demeurant rue Blaise Raynal, et Georges Comparot de Bercenay, 52 ans, secrétaire de mairie demeurant 9 avenue Turgot.

Dans ses "cahiers" publiés sur Internet par les Archives municipales sous le titre "Une fleur en guerre"  (c'est ici : CLICK), Marguerite Genès évoque le jour même de sa mort, la disparition de Louis Martini :
"Le mouleur italien Martini, devenu notre concitoyen affectionné, est mort après une courte maladie. L’ancien maire Fieyre, son ami qui l’assistait à ses derniers moments, lui a dit : « L’Italie prend les armes pour lutter avec nous ; et le drapeau italien va être hissé comme celui de la Belgique, de l’Angleterre et de la Russie au balcon de l’hôtel de ville, auprès du drapeau tricolore». Le brave artiste a répondu : « Alors je meurs content. »"

D'autres hommages suivront. Ainsi, l’hebdomadaire La Croix de la Corrèze écrit dans son numéro 1144 du 23 mai 1915 :

















(Doc. AD19 - cote 68Pr 15)

C'est dans un prochain paragraphe que nous aborderons l’œuvre de Louis Martini.

Présentons maintenant son fils Georges.




GEORGES AMÉDÉE MARTINI

Georges Amédée Martini, dit Georges Martini est né à Brive le 31 décembre 1891 de Louis et de Marie Lestrade, alors que ses parents étaient encore domiciliés rue du Docteur Massénat. La déclaration de naissance en mairie a été faite par le père, en présence d'Amédée Fontauzard et de Joseph Moinac, tous deux plâtriers à Brive.
Il commença tout jeune sa formation de mouleur de plâtre auprès de son père. Mais il était atteint d'une grave cyphose dorsale et d'une autre malformation, sans doute bien gênante, sur laquelle nous ne nous étendrons pas.

En 1912, en raison de ses problèmes physiques, il est exempté de service militaire par le conseil de révision qui se tenait à Brive. Lors de celui du 17 octobre 1914, il est "classé dans la première partie de la liste" et incorporé au 98° régiment d'infanterie où il arrive le 17 novembre comme soldat de deuxième classe. Mais il est réformé par la commission de réforme qui se tient à Roanne le 26 février 1915. Soucieux cependant de participer à la défense de son pays, le 25 novembre 1916, il contracte, pour la durée de la guerre, un engagement spécial, devant le Chef de Bataillon Benoit, commandant le bureau de recrutement d'Avesnes (Pas de Calais), au titre de la première section de secrétaires d’État-major et Recrutement; il devenait ainsi secrétaire dans ce même bureau de recrutement, avec prise d'effet immédiate. Mais cet engagement est résilié le 27 octobre 1917 pour incapacité professionnelle, par le général commandant la 12° région militaire.
Ses brèves campagnes de guerre contre l'Allemagne se résument donc ainsi : du 14 novembre 1914 au 26 février 1915, et du 25 novembre 1916 au 27 octobre 1917.

Il apparaît comme Mouleur de plâtre sur les recensements de la population de 1921 et 1926. Il habitait toujours rue Sallès, là où étaient également recensées Marie Martini (sa belle-mère, enregistrée comme étant sa tante), une employée et une domestique.
Mais, en raison de ses problèmes physiques, il semble, selon nous, s'être contenté, après la disparition de son père et son retour de l'armée, d'une activité réduite dans l'entreprise familiale qu'il reprenait, en commercialisant essentiellement les œuvres restant en stock.
Il est décédé le 18 décembre 1945, et c'est dans les rubriques nécrologiques de la presse locale que nous avons appris qu'il était alors "négociant en cristallerie et autres objets d'art".




<=== Dans Brive Informations n° 409 du 22-12-1945

            (Doc. AD19 - cote 144Pr 1-c)
















             Dans La Vie Corrézienne n° 67 du 1-1-1946
(Doc. AD19 - cote 137Pr 1) ===>



Georges Martini était membre actif de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze dont le bulletin, à l'occasion de deux entrefilets permet de mieux cerner le personnage. On trouve ainsi à la page 189 du tome 44 de 1922 :

"Des félicitations sont adressées à [...] M. Martini, à qui la Société Française d'Archéologie vient de décerner une médaille de bronze pour les beaux moulages exécutés par M. Martini et son père des chefs-d’œuvre de notre art limousin, particulièrement pour ceux du Tombeau de St Etienne d'Obazine, de Sainte Fortunade et tant d'autres, qui ont été jugés dignes d'être placés au Musée du Trocadéro".

Ou encore à la page 204 du tome 53 de 1931 : "Il convient de remercier [...] et M. Georges Martini, qui ont bien voulu mettre leur voiture à la disposition des organisateurs, pour la préparation de l'excursion et l'étude préalable de l'itinéraire".

En septembre 1919, la signature de Georges Martini, sur papier à en-tête de son père décédé.
(Col. JPC)


*

LES CREATIONS DE LA MAISON MARTINI


Plusieurs sources nous permettent de vous présenter des œuvres issues de la Maison Martini.
Nous avons tout d'abord eu la chance de pouvoir acquérir un exemplaire de l'ancien catalogue "Statues Artistiques" de la Maison, un catalogue périodiquement réédité et actualisé, mais hélas non daté. Il ne présente pas moins de 163 modèles de moulages. Les 2 photographies du salon d'exposition publiées en tête d'article font également partie de cette brochure.


(Col. JPC)

Le Musée Labenche a bien voulu nous fournir quelques photographies des œuvres qu'il détient dans ses réserves.
Les sites de vente aux enchères sur Internet nous ont aussi permis de récupérer quelques clichés intéressants.
Et puis nous avons retrouvé certaines œuvres de la Maison dans les environs de Brive, et nous les avons photographiées. 

A priori, la grande majorité a été réalisée du temps où Louis était patron de l'entreprise.


AUTOUR DU CATALOGUE DE LOUIS MARTINI


Ses deux premières pages sont particulièrement intéressantes. Elles publient la liste, au moment de l'édition, des œuvres fournies d'une part au "Musée de la sculpture comparée" de Paris, d'autre part au "Musée royal belge" à Bruxelles.

















(Col. JPC)
Cliquez sur les images pour les rendre lisibles.

Le contenu de l'encadré de droite est confirmé, si besoin était, et complété par quelques lignes de remerciements que nous avons découvertes sur Internet dans le "Bulletin des Commissions Royales Belges d'Art et d'Archéologie" de 1911 (50° année); en voici un extrait :
"DONS : M. Martini de Brive (Corrèze) nous a offert à titre gracieux les moulages de :
. six miséricordes de stalles de l'église d'Obazine;
. un buste reliquaire de Ste Fortunade;
. une tête de religieuse bernardine de l'ancien couvent des Bernardines de Tulle;
. une petite piéta du cloître de Moissac;
. un bas relief (le calvaire) d'un autel de l'église de Saint Léonard, près Limoges".
Car les Martini vendaient, mais ils donnaient aussi, largement !

Il est de plus amusant de noter que la tête de Sainte femme qui apparait sur les deux tableaux est tout simplement la copie de La Bernardine, dont l'original (retrouvé lors de fouilles effectuées à Tulle par Louis de Nussac) est l'une des pièces maitresses du Musée Labenche qui en possède par ailleurs une copie; une autre est actuellement en dépôt aux Archives municipales.
Ce qui nous fait cinq Bernardines connues !





En cartes postales anciennes, à gauche, l'original de la Bernardine du Musée de Brive.


A droite, c'est la copie "Martini" détenue à Paris par le Musée de la sculpture comparée.


(Col. Maryse Chabanier)






Continuons de feuilleter le catalogue. En voici six autres pages, prises au hasard.




































(Col. JPC)

Au détour d'une page, Louis Martini précise la composition de ses statues : "De toutes les matières présentées à ce jour, il en est une, qui à coté de la terre cuite et de l'albâtre d'un usage courant mérite une mention spéciale pour ses qualités tout à fait exceptionnelles, c'est le "stuc aggloméré". D'une très grande solidité, la finesse de sa composition permet à nos patines les plus délicates et les plus artistiques, de rendre les plus beaux effets. N'employant que des stucs choisis, nos statues sont livrées d'une finesse et d'une solidité hors pairs".
Il ajoute également : "Toutes les statues du présent catalogue sont patinées sans augmentation de prix, suivant la patine que comporte le sujet, ou au gré du client : ivoire, vieux bois, terre cuite, bronze, pierre, etc, etc."


 
DES ŒUVRES DÉTENUES PAR LE MUSÉE LABENCHE D'ART ET D'HISTOIRE

Le musée Labenche possède dans ses réserves de très nombreux moulages qui ont été identifiés avec certitude comme provenant de la Maison Martini. En voici quelques uns, parmi ceux qui ont fait l'objet d'une restauration et sont dans un excellent état.

<=== Sainte Marthe

Signée au dos « Martini / Brive – Cze ». Fin XIXe – début XXe siècle

Sœur de Lazare et de Marie-Madeleine, sainte Marthe fut livrée avec eux, sur une barque, à la merci des flots qui les firent accoster en Provence. Elle s’y rendit célèbre en triomphant d’un monstre, la tarasque, qu’elle vainquit en brandissant une croix. Ce monstre est, ici, représenté à ses pieds.

© Collection, notice et photographie musée Labenche - Ville de Brive  (2013.0.32)


Phryné devant ses juges  ===>

Moulage non signé mais figurant sous le n°5 au sein du catalogue de la Maison Martini & Cie. Fin XIXe - début XXe siècle.

Phryné était une courtisane grecque. Installée à Athènes, elle comptait parmi ses amants certains des hommes les plus puissants du moment. Accusée de chercher à introduire une divinité étrangère à Athènes, elle est défendue par l’un de ses amants qui, sentant sa cause perdue, déchire la tunique de Phryné pour dévoiler sa beauté aux juges. Cette action aurait permis de la faire acquitter.

Ce moulage représente le moment où Phryné se retrouve nue devant ses juges et a été réalisé d’après un modèle conservé au « Musée des Antiques ».

© Collection, notice et photographie musée Labenche - Ville de Brive (2013.0.41)





<=== Reliquaire de Sainte Fortunade

Signé "Martini à Brive" - Fin XIXe - début XXe siècle

Moulage réalisé d'après le reliquaire de Sainte Fortunade, datant sans doute du premier quart du XIXe siècle, conservé dans l'église paroissiale Saint-Martial de Sainte-Fortunade en Corrèze et classé en 1891.

Selon une tradition prêtant à débat, Sainte Fortunade serait une vierge martyre des premiers siècles du christianisme, à Agen. Toutefois, cette sainte pourrait être issue d'une confusion avec une autre Sainte Fortunade célébrée à Césarée en Palestine ou d'une traduction erronée de Sainte Faustine.

© Collection, notice et photographie musée Labenche - Ville de Brive (50.30.1)




Belluaire* terrassant un lion.  Début XXe siècle          ===>

Moulage réalisé d’après une œuvre originale de Thomas François Cartier (1879 – 1943), célèbre sculpteur animalier dont les modèles furent tirés en de nombreux exemplaires en bronze, plâtre, grès, terre cuite et porcelaine dure. La Maison Martini faisant partie des éditeurs de l’œuvre de Thomas Cartier, ce moulage pourrait avoir été réalisé par elle.

(* Un belluaire était un gladiateur spécialisé dans les combats de bêtes féroces.)

© Collection, notice et photographie musée Labenche (2013.0.39)









<===  Chapiteau de la collégiale Saint-Martin de Brive : la Remise des clés à saint Pierre

Fin XIXe – début XXe siècle

Moulage réalisé d’après le chapiteau se trouvant à l’intérieur de la collégiale, dans le bras sud du transept. Celui-là représente la remise par Jésus de deux clés à saint Pierre : l’une pour le Salut des âmes, l’autre pour le Paradis.

Ce moulage de chapiteau fait peut-être partie de ceux acquis par le musée de Brive (actuel musée Labenche) le 21 mai 1890 et le 16 janvier 1891 auprès de la Maison Martini.

© Collection, notice et photographie musée Labenche - Ville de Brive (2013.0.66)




Les réserves de Labenche, véritable caverne d'Ali-Baba, renferment encore de nombreux autres moulages provenant directement de l'atelier de la rue Sallès. On y trouve les copies de plusieurs autres œuvres de Thomas Cartier, des chapiteaux de la collégiale Saint Martin, ou encore des Miséricordes et des accoudoirs de stalles de l'abbatiale d'Aubazine. La Vénus de Milo est entourée de plusieurs Bouddhas insensibles à son charme, en pleine méditation à proximité de bas reliefs de la frise du Parthénon, etc...

D'autres par contre sont seulement supposés provenir de ce même atelier : la preuve formelle n'en n'a pas encore pu être apportée, et les experts de Labenche ne sont pas en mesure de valider l'information. N'étant pas soumis à la même obligation de rigueur qu'eux, nous vous en présentons deux qui rappelleront quelques souvenirs aux anciens du lycée Cabanis.


<=== Détail d’ornement architectural : « feuille d’eau », portant le n° « 124 ». Fin XIXe – début XXe siècle

Ce type de moulages est typique des collections d’études des écoles de Beaux-Arts et d’Architecture.

© Collection, notice et photographie musée Labenche - Ville de Brive (2013.0.21-a)












Détail d’ornement architectural : « feuille d’acanthe »

Fin XIXe – début XXe siècle                                                ===>

Ce type de moulages est typique des collections d’études des écoles de Beaux-Arts et d’Architecture. Les traces de crayon et de peinture confirment son utilisation un temps dans une école de dessin. © Collection, notice et photographie musée Labenche - Ville de Brive (2013.0.22-a)    


Ces moulages et quelques autres du même genre, ou encore des bustes de personnages célèbres de l'antiquité, servaient en effet de modèles aux élèves, à l'occasion des cours de dessin, ancêtres des actuels cours d'art plastique. Peut-être certains exemplaires sont-ils encore stockés dans la petite pièce de l'établissement qui servait de réserve aux professeurs enseignants de cette discipline, parmi lesquels, le notre pendant plusieurs années, Mr Desjacob !!!
Ils auraient eu la même utilisation à l'école municipale de dessin du boulevard du Salan, longtemps dirigée par Raphaël Gaspéri.


 
DES ŒUVRES TROUVÉES SUR INTERNET

On en découvre de temps à autre, essentiellement sur le site bien connu de vente aux enchères e-bay. Mais il faut reconnaître qu'elles trouvent difficilement preneur, d'autant plus qu'elles sont souvent en mauvais état et nécessiteraient de coûteux travaux de restauration.
En voici quelques modèles, glanés au cours des dernières années.



"Lion combattant",

plâtre patiné, reproduction

d'une œuvre du sculpteur

animalier Thomas Cartier

(vue d'ensemble et détail)



(Doc. e-bay

























Buste d'enfant cérusé, d'après une œuvre du sculpteur italien Donatello (né à Florence vers1386 et décédé vers 1466), connue sous le nom de "l'enfant rieur".
Ce moulage était présenté à la fois dans le salon d'exposition de la maison (voir en tête de page), et dans le catalogue de Louis Martini.
L'exemplaire proposé ici présente un petit "accident" derrière l'épaule gauche, ainsi qu'une "égratignure" sur le nez.
(Doc. e-bay). En novembre 2015, il ne trouvait pas d'acquéreur, avec un prix de départ de 25 euros.








Statue de plâtre patiné façon bois sculpté, représentant un moine encapuchonné.

Dimensions : 39 X 11 X 10 cm

(Doc. e-bay)






La Vierge de Moissac.


L'exemplaire présenté ici est en très mauvais état.


(Doc. ebay)

























Chien policier, plâtre patiné façon bronze, reproduction d'une œuvre de Thomas Cartier (Doc. e-bay).
En parfait état, il a trouvé acquéreur pour 31,50 euros !

    
 
ET DANS LES ENVIRONS DE BRIVE

C'est dans l'église de Beyssenac, tout près de Pompadour que nous avons trouvé une statue de Saint Antoine, signée Martini. Abimée au cours des temps, elle a fait l'objet d'une restauration, tout comme l'ensemble de l'église, une restauration mise en œuvre par la commune.





Vue d'ensemble,

détail des
visages

et marque "Martini",


à la base.


(Clichés JPC - 31-07-2013)













Nous avons retrouvé cette même statue, mais non restaurée, et d'une taille inférieure, dans la petite église du village de La Chapelle Mouret, près de Terrasson en Dordogne. Une autre de petit modèle serait conservée dans l'église paroissiale Saint-Martin de Tours à Sornac (19). Mais nous avouons ne pas être allé sur place pour vérifier l'information.

En mars 2018, c'est dans une des chapelles latérales gauches de l'église de Dampniat (19) que nous avons découvert un autre exemplaire du grand modèle du Saint Antoine de la Maison Martini, un peu poussiéreux peut-être, mais dans un excellent état d'origine. En juin de la même année c'est dans l'église Saint-Pierre-aux-liens de Lissac (19) que nous en avons retrouvé un autre spécimen, sans toutefois que la marque du socle ne soit apparente. En juillet, c'était dans l'église de Saint-Robert et dans celle de Lanteuil. Il est probable que d'autres doivent encore se trouver dans bon nombre de nos églises de Corrèze et des départements voisins. Visiblement Saint Antoine était le best-seller de la Maison !

Il est temps maintenant de s'intéresser aux "versants de la toiture du tombeau de Saint Étienne", dont nous l'avons vu, un exemplaire a été acquis par le Musée Royal belge. L'original du tombeau se trouve à l'intérieur de l'abbatiale d'Aubazine (Obazine). De nombreuses cartes postales lui ont été consacrées. En voici une.

L'original du tombeau de Saint Étienne dans l'abbatiale d'Aubazine (Doc. delcampe.net)

Louis Martini et son personnel ont donc effectué des copies grandeur nature de la toiture du tombeau (2 X 1 m.). Un exemplaire en a été acquis par la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze. Du temps où celle-ci avait son siège au rez-de-chaussée de l'Hôtel Labenche (donc avant l'installation du musée du même nom), cette copie était visible dans ces locaux. Lorsque la Société a déménagé pour permettre l'installation du Musée, le moulage de la maison Martini est resté sur place, et le nouveau musée l'a finalement pris en charge.
On l'a vu réapparaître à Aubazine, lors de l'inauguration de la salle Bernadette Barrière, au-dessous de la Mairie. Confié en dépôt à l’abbaye d’Obazine par la Ville de Brive, ce moulage est maintenant exposé dans le scriptorium, proche de la salle capitulaire, où il permet aux visiteurs d’appréhender de près la richesse de ses sculptures. C'est là où nous l'avons photographié :
























Vues d'ensemble et détails
(Clichés JPC - 19-11-2015)





En mai 2014, le musée Labenche nous a communiqué les rares renseignements qu'il possède à  son sujet :

"Ce moulage fait maintenant partie des collections du musée Labenche (n° d’inventaire : 50.152.54). Il a été restauré durant l’été 2012 par Anaïs Gailhbaud, restauratrice spécialisée en sculptures. Il est actuellement, comme vous le savez, en dépôt au sein de l'abbaye d'Obazine. D'après notre inventaire, nous savons que le musée a payé 50 francs le 1er octobre 1908 pour le moulage par Monsieur Martini d'une des faces du tombeau. Le 12 février 1913, est également mentionné "un pourboire pour le tombeau d'Obazine" sans plus d'informations".


 
LES SIGNATURES "MARTINI"

De très nombreuses œuvres provenant de la "Maison Martini" ne sont pas signées. Dès lors, elles ne peuvent être identifiées avec certitude qu'à partir de documents annexes : inventaires, factures, catalogues, bordereaux divers,... C'est ce à quoi s'attachent les experts du Musée Labenche pour mettre un nom sur les nombreux moulages anonymes qu'ils possèdent encore dans leurs réserves.

Lorsque des signatures ou des marques distinctives sont présentes, elles sont très souvent différentes d'un moulage à l'autre. En voici quelques exemples.


<=== L'estampille du mouleur briviste sur le Lion combattant de Thomas Cartier présenté un peu plus haut :
"STATUES D'ART L. MARTINI
Reproduction interdite"
C'est le même cachet qui est apposé sur le Chien policier.
La signature du sculpteur figure aussi à la base du moulage.










Signature au dos de La Vierge de Moissac          ===>






<=== Signature sur le moulage de "l'Enfant rieur" de Donatello











Signature à la base du "Moine encapuchonné"      ===>








<=== Marque Martini sur le socle du Saint Antoine de La Chapelle Mouret. C'est la même que sur l'exemplaire de Beyssenac et celui de Dampniat.





Signature du moulage de Sainte Marthe, en réalité présentée verticalement dans les plis de sa tunique                                                                         ===>

(
© Collection et photographie Musée Labenche -
Ville de Brive)


*

 
UNE AUTRE ACTIVITÉ DE LA MAISON MARTINI :
LA DÉCORATION INTÉRIEURE D'APPARTEMENTS


La Maison Martini fabriquait aussi à la demande des corniches, des rosaces, des encadrements de plafond, ou encore des cheminées, selon le cas en staff ou en "carton pierre". Elle les fournissait à des artisans ou entrepreneurs qui en assuraient la pose. Mais elle-même pouvait réaliser ce travail.

Les tarifs des éléments de décoration fournis par la Maison Martini
(Doc. ancien site cartes-postales-anciennes.com)


Les Archives départementales de la Corrèze conservent dans le fonds Bardon, du nom d'un architecte tulliste qui a souvent travaillé à Brive, deux documents qui établissent la collaboration de celui-ci avec la Maison Martini, lors de la construction d'un célèbre immeuble de notre centre-ville.
Il s'agit de cette belle construction de type haussmannien, bâtie à l'angle de l'ancienne Grande place et de la rue Carnot, autrefois connue sous le nom d'Immeuble Lalande, puis d'Immeuble Verlhac. Les Grands Magasins Battin y ont longtemps occupé tout le rez-de-chaussée (et même un peu plus).


Au centre de l'image, l'immeuble des Demoiselles Léontine et Amélie Lalande
qui l'ont fait construire au 20 rue Carnot.
(Col. Maryse Chabanier)


La décoration intérieure y a été réalisée pour partie par Louis Martini, l'autre partie par la Maison Masseron de Paris.

Le premier document qui nous intéresse est un plan des décorations à réaliser par la Maison Martini. Les deux images qui suivent figurent en fait sur une même grande planche, que, pour la photographie, nous avons coupée en deux. Le document est annoté de la mention "Martini" (cerclée de rouge).


<=== La corniche du salon rond















(Doc. AD19 - cote 16Fi 918)

La corniche de la salle à manger   ===>



Le deuxième document que nous avons retrouvé est une facture de Louis Martini adressée à l'architecte Ernest Bardon pour la fourniture du matériel de décoration intérieure du même immeuble. Elle est datée du 15 mai 1896, et concerne le salon, la salle à manger et le salon rond.

(Doc. AD19 - cote 16Fi 157)

Nous n'avons pas retrouvé d'autres documents concernant cette activité complémentaire de Louis Martini. Mais on peut penser que de nombreux hôtels particuliers de Brive et de la région construits à son époque ont été intérieurement décorés par ses soins.


*

EPILOGUE


Sans héritier, Georges Martini avait légué sa maison de la rue Sallès à la commune de Brive, qui la mettra rapidement en location.
Le premier à l'occuper fut Monsieur Souillac qui reprendra les dernières activités de la maison Martini, en y ajoutant un important rayon "matériel d'étalage".

Le papier à en-tête des Etablissements Souillac (Doc. delcampe.net)

Un ou plusieurs autres locataires suivront. Lorsque la commune décidera de vendre la maison, dont en fait elle ne savait pas trop quoi faire, le dernier d'entre eux s'en portera acquéreur.

Les renseignements de ce dernier paragraphe sont issus d'un témoignage que nous avons recueilli en février 2014. Mais les événements sont trop récents pour que nous puissions consulter des documents d'archive officiels, qui auraient pu les corroborer.

Et pour terminer, revenons à la localisation de l'atelier Martini. Notre complice M. V., un brin facétieux, a réalisé un "mix" photographique tout à fait parlant, de la photo ancienne de l'atelier et de son environnement d'aujourd'hui. A rapprocher des trois premières images de notre article qui suivent le plan :

(Doc. M. V.)



"BONUS"

L'ATELIER MARTINI DANS LA PRESSE DE 1929

Sous le titre "Une Industrie d'Art à Brive", l'hebdomadaire La Croix de la Corrèze a publié dans son numéro 1866 du 3 juin 1929 (Doc. AD19 - cote 68Pr 26) un intéressant reportage sur l'atelier Martini de moulage d'Art. Il apporte un nouvel éclairage sur l'activité et sur l'importance de cette Maison que nous avons déjà longuement présentée. C'est en décembre 2016 seulement que nous avons retrouvé cet article. Nous vous le livrons en intégralité.
Notons que Louis Martini, le créateur de la "maison", était décédé depuis 1915, et que l'auteur de l'article était Henri Delsol, l'érudit et historien briviste, bien connu en son temps.

"En 1883 vint s'installer à Brive un ouvrier mouleur d'origine italienne, M. Martini [Louis], qui ne tarda pas à devenir un excellent français, et à compter, ainsi que son fils, parmi nos plus sympathiques compatriotes.
Sous des dehors modestes, M. Martini [Louis] cachait une âme d'artiste. Ses yeux savaient discerner la beauté. La pureté des formes d'une statue antique, la naïveté d'une œuvre du Moyen-âge, le galbe d'une colonne ou d'une boiserie l'enthousiasmaient et il aimait à les reproduire dans le plâtre pour la grande joie des connaisseurs.

La sûreté et la finesse de son goût lui valurent l'amitié de plusieurs personnalités du monde artistique. M. Anlart, le conservateur du Musée du Trocadéro lui commanda de nombreux modèles. A Brive, Ernest Rupin l'honora d'une estime particulière, et, en reconnaissance M. Martini [Louis]donna au nouveau musée une belle série de ses travaux : chapiteaux et lampadaires de Saint-Martin de Brive, sculptures d'un grand nombre d'églises de la région, et surtout le magnifique tombeau de Saint-Etienne d'Aubazine.

Un des chapiteaux de la collégiale Saint-Martin de Brive : "La pesée des âmes".
Moulage réalisé d'après le chapiteau se trouvant à l'intérieur de la collégiale, dans l'abside.
L'âme du défunt, au centre est entourée par le Diable à gauche,
qui tente de faire pencher la balance en sa faveur, et par Saint Michel, à droite.

(cliché ajouté par nos soins au texte initial)
© Collection, notice et photographie musée Labenche - Ville de Brive (2013.0.68)

Plus récemment, le musée Ernest Rupin s'enrichissait de la copie d'une œuvre maitresse du sculpteur animalier Cartier, qui a passé avec M. Georges Martini un traité pour la reproduction de ses ouvrages.

La petite boutique du début s'est beaucoup agrandie. Le cercle de ses relations déborde aujourd'hui grandement sur l'étranger, et, citer parmi elles, le Musée Royal belge, vaut une référence.

Le mérite de la maison Martini est de mettre à la portée du grand public, de lui permettre d'apprécier les chefs-d’œuvre de l'art religieux du Moyen-âge, aussi bien que ceux de l'antiquité païenne ou de la Renaissance. Mais, on le conçoit, pour résister à l'attrait d'une clientèle d'autant plus large qu'elle est moins éduquée et moins difficile, il a fallu à la maison toute la force des traditions de probité artistique que lui a léguées son fondateur.
Nul doute qu'elles s'y perpétuent et qu'elles servent au développement promis à l'entreprise par le nouveau concours qu'elle s'est acquis en la personne de M. Souillac.

Une direction bienveillante et paternelle lui a attaché par ailleurs de fidèles collaborateurs. Tel M. Z. Valin qui, entré dans la maison comme jeune apprenti, y travaille sans interruption depuis plus de 35 ans. Titulaire de la médaille d'honneur du travail, il a aujourd'hui rang de contremaître. A coté de lui, voici tout un personnel d'ouvriers et d'ouvrières qu'il est curieux de voir à l'ouvrage.

Les uns prennent dans la gélatine l'empreinte du sujet à reproduire. Dès que celui-ci est un peu compliqué, il faut le réduire en éléments faciles à mouler. Dans l'empreinte ainsi obtenue, d'autres coulent le plâtre à l'état de pâte semi-liquide. Plus loin en voici qui assemblent les morceaux épars d'une même pièce. Ici c'est une tête à ajouter, là des bras qu'il faut souder à un tronc, car toutes les statues ne sont pas des Vénus de Milo.

Le personnel au travail dans l'atelier Martini.
Le personnage de gauche pourrait bien être Georges Martini lui-même.
(Cliché La Croix de la Corrèze n° 1866 du 23-6-1929 - Doc. AD19 cote 68Pr 26)

On conçoit qu'un pareil travail soit délicat : la moindre déformation d'une œuvre parfaite, ne serait-elle pas une hérésie artistique. Il y a ensuite la retouche. Le plâtre a coulé entre les deux partie du moule et c'est une bavure à faire disparaître. Ici au contraire, il a laissé un vide, et la partie absente doit être rétablie. Après avoir séché à l'étuve, le sujet revient à l'atelier pour recevoir l'enduit qui lui donnera suivant les cas la teinte de la pierre la plus vénérable, la patine du bronze ou de l'ivoire, la chaude couleur de la terre cuite.

"Lionne rugissant", de Thomas Cartier - Étape intermédiaire de moulage, avant les retouches.
A ce stade, il reste encore bien du travail avant que l’œuvre ne soit terminée.
(Cliché ajouté par nos soins au texte initial)
© Collection et photographie musée Labenche - Ville de Brive (2013.0.37)

Quelques unes de ces œuvres sont disponibles dans un petit salon d'exposition que l'on peut aisément visiter car une souriante bonne grâce est dans les règles de la maison. A coté de la statuaire proprement dite, mille bibelots gracieux attirent l'attention. De nombreux motifs de décoration, appliques, corniches, rosaces, sont la copie fidèle de motifs historiques : Renaissance, Louis XV, Louis XVI, Empire, sans parler du style moderne.

L'entreprise vient d'accroître le champ de son activité artistique. D'un récent voyage en Italie, M. Martini [Georges] a rapporté une série de marbres d'une remarquable délicatesse comme matière, coloris et travail, tout à la fois. Quelques-uns reproduisent des œuvres de cette incomparable renaissance italienne, Dante, Béatrice, Saint Jean enfant, par Donatello, la Vierge de Biribine. A coté, voici des sujets de fantaisie, des motifs d'éclairage qui rendent, grâce à la transparence de la pierre, les effets les plus gracieux. Des pièces de ce genre, il était fort rare d'en trouver en province, et l'on ne peut que féliciter M. Martini [Georges] de sa belle œuvre de vulgarisation artistique".

                                                                                                                                                Henri DELSOL


(1° avril 2017)


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