- les Rois de la Réclame et les Petits Tricheurs

La "Réclame", c'était autrefois notre "Publicité" d'aujourd'hui.

  Le webmestre du site et ses acolytes, lors d'une réunion au sommet,
ont élu à l'unanimité

ROIS DE LA RÉCLAME

 
 toute une corporation :

 
LES CHIRURGIENS-DENTISTES DE LA VILLE

Après le règne des arracheurs de dents, ils avaient besoin de se faire connaître. Aussi n'hésitaient-ils pas à faire peindre sur les murs des immeubles qu'ils habitaient dans la ville, de larges et longs bandeaux, pour indiquer leur présence dans le quartier.
Le champion toutes catégories de l'exercice fût sans conteste Mr Van Hoeck, qui était installé à l'angle de l'avenue de la Gare et du boulevard docteur Marbeau . Plusieurs cartes postales nous ont laissé son souvenir. En voici deux : cliquez sur les images pour apprécier.















(Doc. delcampe.net)

Certains de ses confrères n'étaient guère plus discrets, tel celui installé place de l'Hôtel de Ville, au-dessus de l’Épicerie centrale, ou celui qui exerçait en bordure des jardins de la place Thiers.














(Doc. delcampe.net)

Ils ne se privaient pas non plus d'insérer leur réclame dans la presse, tout comme leurs autres confrères, tels Monsieur Audouard, 25 avenue de Paris, ou Monsieur Poix, 6 boulevard de la République.






(Extraits de plusieurs journaux consultés aux Archives dép. de la Corrèze)











Leurs confrères d'aujourd'hui ne disposent pas d'autant de facilités pour vanter leurs prestations.




Ils ont aussi tenu à distinguer les "Petits Tricheurs". En voici trois, mais ils étaient beaucoup plus nombreux à une certaine époque. Il s'agissait pour certains commerçants ou artisans de présenter sur des supports divers, des images de leur établissement sous un aspect bien amélioré, flatteur, quitte à tricher quelque peu avec la réalité.

 
1 - LE MAGASIN DE VÊTEMENTS BATTIN

Dans le journal La Croix de la Corrèze n° 2236-bis du 13 mai 1935, on trouve cette belle image des Grands Magasins d'habillement Battin, installés place de l'Hôtel de Ville, à l'angle de la rue Carnot. La qualité de la médiocre image de presse d'origine a été restaurée par les soins de M. V., notre spécialiste maison.

(Doc. AD 19 - cote 68 Pr 36)

Voici, dans la même veine, une autre image du magasin Battin. Elle était imprimée sur les cartons dans lesquels les achats étaient remis aux clients :

(Col. M. V.)

Même les plus jeunes de nos visiteurs, qui n'ont pas connu Battin, mais qui connaissent Brive, et plus particulièrement l'actuel magasin d'optique Krys du centre ville, devraient repérer le "défaut" !
On va pouvoir juger de la belle performance réalisée par le photographe du premier cliché qui, du coté gauche, a augmenté l'immeuble de deux travées sur quatre étages ! Copié en cela par le dessinateur de la deuxième image qui fait encore mieux en élargissant le bâtiment de trois travées sur la gauche, et en en représentant sept sur la droite ! Car le magasin Battin, en fait, c'était ça :

Extrait d'une carte postale présentée par ailleurs sur le site (Doc. delcampe.net)
Notons quand même que les deux photos ne datent pas de la même époque.






La réclame de Battin était par ailleurs variée, ainsi que le montrent les quelques spécimens que nous vous présentons.



















La Maison Battin avait pris la suite de la Maison Fabre : Monsieur Battin, tailleur de profession, avait en effet succédé à son beau-père, Monsieur Fabre.


 
2 - LE GRAND HÔTEL DE L'INDUSTRIE ET LES AUTRES HÔTELS DU HAUT DE L'AVENUE DE LA GARE

Sur une autre page de notre site, on trouve ces deux cartes postales avec une vue directe sur des hôtels installés du coté gauche de l'avenue de la Gare, en la remontant. Celui qui nous intéresse tout particulièrement est le Grand Hôtel de l'Industrie, à l'angle de la rue de La Fontaine Bleue.

(Doc. delcampe.net)

De l'autre coté de la petite rue, un peu plus haut, se trouvent Le Grand Hôtel et l'Hôtel Terminus réunis.

(Doc. delcampe.net)

Et, Oh, surprise ! Sur notre troisième carte qui revêt un caractère commercial non dissimulable, l'hôtel de l'Industrie a perdu son toit au profit d'une terrasse. Plus fort, tous ces hôtels sont comme par magie maintenant réunis.
Sous le nom de "Hôtels de l'Industrie, Midi & Majestic", nous avons désormais face à nous un immense palace.

(Doc. delcampe.net)

Dans l'affaire, la rue de la Fontaine bleue et quelques autres immeubles intermédiaires se sont volatilisés.
Surprenant comme réalisation à une époque où les outils informatiques n'existaient pas !

Nous reviendrons, un jour ou l'autre, dans une autre rubrique, sur le Grand Hôtel de l'Industrie, pour vous en présenter une image inédite.


 
3 - LA DISTILLERIE BREUIL

Notre amie Maryse Chabanier possède dans sa collection de "vieux papiers" une belle facture de la distillerie Victor Breuil, autrefois implantée sur la parcelle de terrain délimitée par l'actuel boulevard Koënig, la rue Carnot et la rue Saint-Ambroise. Elle est datée du 17 octobre 1895.


Nous n'avons pas résisté à la tentation de faire un agrandissement de l'en-tête pour apprécier la gravure de gauche :

(Col. Maryse Chabanier)

La vue est superbe. Nous sommes en bordure du boulevard, la rue Carnot étant sur la gauche, alors que la rue Saint-Ambroise se glisse juste derrière les bâtiments. La demeure du propriétaire est à gauche; la distillerie elle-même est tout à droite de l'image, aussi large et plus haute même que la maison d'habitation, avec ses cheminées fumantes qui en prouvaient l'importance; le tout au milieu d'un parc arboré plein de charme.

Ces bâtiments existent toujours. Mais une visite sur place réserve quelques surprises, ainsi que le prouvent nos photos, bien difficiles à prendre, en raison des platanes, des haies et de la circulation sur le boulevard.

(Cliché JPC - 27-11-2017)
L'immense distillerie, que nous avons vue dans l'image précédente, est en fait installée à la place d'anciennes dépendances de la maison de maître, réhabilitées; ce sont ces petits bâtiments construits pour partie en brique
 et pour partie en pierre, qui se trouvent à droite de la photo.
Ils sont très largement dominés par tous les immeubles voisins.


(Cliché JPC - 27-11-2017)
Gros plan sur la maison d'habitation : elle aurait été construite en 1825 pour un sieur de Milhac. Elle a été reprise et, comme on le voit sur la photo, augmentée de deux travées par le nouveau propriétaire, le liquoriste Victor Breuil. C'était en 1873.
Sa représentation sur la gravure est à peu prés conforme.


(Cliché JPC - 27-11-2017)
Gros plan sur la distillerie : sur la gravure, elle est très largement surdimensionnée.
De même le beau parc que nous avions remarqué plus haut, est en fait très réduit.


Le créateur de l'entreprise, Pierre Victor Breuil, dit Victor Breuil, était né à Brive le 14 mars 1831. Il y est décédé le 7 mars 1902 à l'âge de 71 ans. S'il était liquoriste, distillateur et négociant, il avait aussi exercé la charge de juge au tribunal de commerce de la ville.
La succession à la tête de l'entreprise qui portait son nom sera assurée par Louis Marcou qui lui avait vraisemblablement racheté le fonds. La facture de 1895 date de son époque.

 
    NOS VISITEURS APPORTENT LEUR TÉMOIGNAGE !   

Notre correspondant, Jérôme Breuil, nous a écrit le 5 septembre 2018. Voici de larges extraits de son message qui nous apporte des précisions intéressantes sur le personnage du liquoriste briviste Victor Breuil, son entreprise et sa famille.

"J'ai découvert par hasard votre site et je tiens à vous féliciter.

Je suis l’arrière-arrière petit-fils de Pierre Victor BREUIL qui possédait la distillerie à Brive dont en effet la réalité ne correspond pas à ce qui est sur les factures. Je tiens à vous apporter quelques précisions.
La distillerie fut créée en 1825 par Léonard BREUIL qui fut aussi Juge du Tribunal de Commerce de Brive, la distillerie était alors située rue Saint Martin à Brive, dans son domicile personnel. Il épousa Marie Julie DELPEUCH (issue d'une famille de notaires de Brive). Ce couple eut 4 enfants dont Pierre Victor BREUIL

Pierre Victor BREUIL (1831-1902) fit en effet construire les locaux de la distillerie que l'on peut voir, il avait acheté la maison en viager. Il épousa à Lanouaille (Dordogne) Marie Guillermine dite Nelly FRICOUT. Ils eurent deux fils à savoir Léonce Breuil (1861-1929) mon arrière grand-père qui s'installa avoué à Limoges et Etienne BREUIL (1872-1949) qui reprit la distillerie au décès de son père mais qui après le décès de sa mère la vendit à la famille DENOIX qui était le principal concurrent ayant créé une distillerie en 1839. La vente a du avoir lieu vers 1910, époque à laquelle furent également vendus tous les biens de la famille sur la région, à savoir cette très belle maison ainsi que la propriété de "La Nadalie" à Saint Pantaléon de Larche.
Louis Marcou travaillait pour le compte de Victor Breuil puis par la suite pour celui d'Etienne BREUIL Lors de la vente de la distillerie, Etienne BREUIL se retira à Lanouaille.

Vous retrouvez le nom de Victor Breuil sur la plaque de l'église Saint Martin parmi les bienfaiteurs pour la rénovation. Il est également mentionné le nom Mme de LACOSTE (-LAREYMONDIE), dont la petite fille Marie Paule épousa en 1901 à Curemonte Etienne BREUIL cité plus haut.

Victor BREUIL fut également membre de la société de secours mutuels de Brive".


Deux exemples d'étiquettes collées sur les bouteilles d'alcool fabriquées par la distillerie Breuil.
(Col. Jérome Breuil)

















(1° octobre 2018)




AUTRES RÉCLAMES A CARACTÈRE COMMERCIAL

On les trouvait surtout dans le domaine de la pharmacie, l'habillement, de l'industrie et de la technique qui ne cessaient de se développer.
En voici quelques exemples, essentiellement puisés dans la presse locale consultée aux Archives départementales de la Corrèze.


PHARMACIES :






















La pharmacie de Mr. J. Gaillot était installée, il y a bien longtemps, au 2 de la rue de l'Hôtel de Ville.

A droite, une réclame pour Le Vin Héraclès du Docteur John, qui soignait les anémiés, les affaiblis et les neurasthéniques.




Mr Playoult était le successeur de Mr Gaillot à la pharmacie du bas de la rue de l'Hôtel de Ville.



(Extraits de journaux consultés aux Archives
départementales
de la Corrèze)
























Mr Ginestet était quant à lui, le successeur de Mr Playoult dans la même officine.
Il continuait à commercialiser le vin Héraclès !






















En 1907, Monsieur Maymat était installé de l'autre côté de la rue de la République, à l'angle de la rue du Lion d'Or.



















La pharmacie de Mr Gourdal se trouvait en haut de la rue de l'Hôtel de Ville, à l'angle du cours Martignac. Il s'associera avec Mr Lavieille. L'officine portera le nom de Pharmacie de la Croix de Genève, puis de Pharmacie de la Croix Blanche.




<=== Mr Georges Lajoinie exerçait, quant à lui, à l'angle de la rue Majour et de la rue Carnot.
Ce sont ses successeurs, qui, bien plus tard, fermeront la boutique pour immigrer au centre commercial Continent, futur Carrefour.


















Retour avec les pharmacies Ginestet d'une part, et Gourdal et Lavieille, d'autre part, pour une réclame commune destinée à soigner quelque chose qui n'était pas toujours bien vu .       ===>



MAGASINS D'HABILLEMENT :
















A La Ville de Brive, place et rue de l'Hôtel de Ville.






  La Maison Lulu, alors 32 rue de Corrèze,     ===> 
avec une communication d'actualité !
















<=== Au Printemps, Maison Lachèze, rue de l'Hôtel de Ville.



Au Prophète, établissements Conchon-Quinette, 23 rue Toulzac.


On trouvait le Magasin du Louvre de Mr Edouard Gerbert au 7 de la rue de l'Hôtel de Ville,
à l'emplacement actuel de la banque BNP-Parisbas.



PRODUITS MANUFACTUR
ÉS :












Le garage Texier-Pradels, 2 avenue Charles Rivet.


Les Cycles Périer, 9 avenue de la Gare.

Mr E. Formigier, du "Modern Garage", 9 boulevard du Salan,
vendait également des bicyclettes, mais aussi des machines à coudre.

La Maison Jean, 40 rue de Lestang, fabriquait des voitures pour enfants.

Chez Mr Laguillaumie, rue de l'Hôtel de Ville, on vendait des appareils radio de marque Philips
et on assurait les dépannages.

Mr Gendre, 14 avenue de la Gare, vendait quant à lui des appareils radio de marque Ducretet-Thomson
et assurait également les réparations.

Maison Esterle, Tout pour le Ménage, Électro-ménager, Téléviseurs, ... 55 et 59 avenue de Paris.




















A la grande époque des gazogènes.




























Les Cafés Polo, 32 rue Gambetta, vendaient alors de la Détexine pour remplacer la lessive,
et le statuaire et Mouleur d'Art, Louis Martini, boulevard du Salan,
faisait sa réclame pour une statue de Jeanne d'Arc.


Dans le même temps, Mr F. Bétille, 2 rue de Féletz fabriquait des cierges en tous genres et les commercialisait.



(1° janvier 2018)


"BONUS 1"

LA GRANDE PHARMACIE RÉGIONALE A. GINESTET


Plus haut dans cette page, nous avons déjà présenté plusieurs images de réclame pour la pharmacie qu'exploitait autrefois Monsieur Ginestet, "pharmacien de première classe", au bas de la rue de l’Hôtel de Ville. Il était à cet endroit le successeur de Monsieur Playoult, qui avait lui même succédé à Monsieur Gaillot.

L'officine de Mr Ginestet, au 2 de la rue de l'Hôtel de Ville
 (Doc. delcampe.net)


Notre complice M. V. possède dans ses collections un exemplaire du numéro 10 daté d'août 1936 de "la Revue d'Hygiène et de Santé", éditée par notre pharmacien, revue mensuelle de vulgarisation dans les domaines de la médecine, la pharmacie, l'agriculture, l'horticulture, les sciences et les arts. Vaste programme !

(Col. M. V.)

Si les sujets traités étaient variés, la réclame non plus n'y manquait pas, et le sujet principal était... La Grande Pharmacie Régionale !



 




(Col. M. V.)















Mais le plus surprenant c'est d'apprendre que la pharmacie disposait aussi d'un rayon "photographie" où l'on pouvait aussi bien acheter un appareil ou du matériel photographique, que faire développer ses propres pellicules !

(Col. M. V.)
(1° avril 2018)


 
"BONUS 2"

RETOUR SUR VICTOR BREUIL ET SA DISTILLERIE

Nous en avons largement parlé à deux reprises, un peu plus haut dans cette page. Mais sa famille d'aujourd'hui, représentée par son arrière-arrière petit-fils, Jérôme Breuil, nous a fourni à son sujet de nouvelles images qui méritent publication, même si elles ne sont pas en parfaite adéquation avec le sujet générique de la page.

UNE SUPERBE SCÈNE DE VIE, DANS BRIVE, VERS 1899/1900

Voici donc en photographie l'ancien distillateur et notable briviste en famille, avec sa calèche stationnée devant sa propriété du boulevard Carnot, aujourd'hui boulevard Koënig (n° 30). C'était l'époque des canotiers.

Le cliché n'est pas de très bonne qualité, mais malgré son grand âge, on distingue parfaitement les détails de la scène.

(Doc. Archives de la famille Breuil, communiqué par Jérome Breuil)

Victor Breuil est à droite et maintient le cheval. A l'extrême gauche se trouve son fils Léonce Breuil (1861-1929). Dans la calèche on distingue leurs épouses respectives et le jeune Martial Breuil (1897-1978), alors bébé; et bien sûr le cocher.    

La propriété avait été achetée, en viager par acte passé devant Me Gouyon notaire à Brive le 2 Mai 1873 à Marie Antoinette et Marie Henriette Peyrot de Calvimont (elles étaient filles de Mr Peyrot et de Melle de Calvimont) pour le prix de 20.000 francs, plus une rente annuelle et viagère de 1000 francs réductible à 750 francs au décès de l'une des deux sœurs. J'ai toujours entendu dire - ajoute Jérome Breuil - qu'au décès de Victor Breuil les deux sœurs étaient encore vivantes. Cette maison fut auparavant celle de la famille Gicguet de Milhac.

Voici, pour comparer l'aspect de l'arrière-plan, une photographie récente prise par nos soins sous le même angle. Seule la partie supérieure du portail a subi quelques modifications, et le platane a pris de l'ampleur.

(Cliché JPC - 23 septembre 2018)

Deux vieilles photographies jaunies complèteront notre sujet. Elles sont extraites d'un album faisant lui-aussi partie des archives de la famille Breuil : à gauche la maison de Victor Breuil vue du coté de la rue Carnot (remarquez à l'angle la présence d'une fontaine publique, comme il y en avait de nombreuses dans la ville), et à droite le bâtiment de la distillerie.

 

























(Doc. Archives de la famille Breuil)

Notre correspondant serait heureux d'entrer en contact avec toute personne pouvant lui donner des renseignements complémentaires sur son ancêtre Victor Breuil, ou lui fournir des copies de documents le concernant.
Son adresse : breuil.jerome@laposte.net

(1° décembre 2018)



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