1 - la dernière lettre de Pierre Chaumeil avant son exécution (17 juillet 1944)

L'exécution du Résistant Pierre Chaumeil, alors âgé de 27 ans, et la lettre qu'il avait écrite quelques heures avant d'être fusillé  par les allemands, font partie des souvenirs douloureux qui ont marqué la Résistance en pays de Brive.
Cette lettre était destinée à ses parents. D'après ce que l'on dit, elle leur aurait été transmise par l'abbé Bouillac, curé de Saint-Martin et Archiprêtre de Brive, qui a assisté le supplicié dans ses derniers moments.

Ce que l'on sait moins, c'est que peu de temps après, elle a été dupliquée, et diffusée "sous le manteau" parmi les Résistants et leurs sympathisants. "Dupliqué" est un bien grand mot : elle a en fait été tapée à la machine à écrire, sur papier pelure, en utilisant du papier carbone... Nous la reproduisons ci-dessous, avec les fautes de frappe d'origine, dues à la précipitation avec laquelle le travail a été fait. Vous trouverez ensuite l'original de cette copie.

Ce document provient des archives familiales du webmestre.

                                                                 BRIVE, le 17 Juillet 1944



                Mes bien Chers Parents,

                        L'heure est enfin arrivée. Je suppose que l’éxécution va avoir
               lieu ce soir.

                        J'attends un prêtre mais malgré tout je suis prêt. J'ai
                beaucoup pensé à vous, à toi ma petite maman chérie à qui j'ai causé
                tant de chagrin ainsi qu'à toi mon pauvre papa, à toi ma soeur, à toi
                Marius, en un mot à vous tous. Je n'ai pas oublié mes chers tout
                petits, mon Christian chéri et mon Jean-Claude qui aimait beaucoup
                son tonton.

                        A toi ma sœur, je confie mes parents, car c'est à présent que
                je voie l'immensité des efforts et des peines qu'ils on t eu pour
                nous. Je vous demande pardon de toutes les fautes que j'ai pu
                commettre envers vous.

                        Ne pleurez pas sur moi car je pars content. Si j'ai un chagrin,
                c'est de vous laisser et c'est celui que je vous cause (Le chagrin
                n'est pas pour celui qui part mais pour ceux qui restent) ne pleurez
                donc pas, je vous le demande. Du haut du ciel je vous verrai et serai
                en compagnie de nos aîeux et nous intercèderons auprès de Dieu pour
                que vous ayiez à votre tour une bonne place dans le ciel.

                         Monsieur le Curé m'a souvent mal jugé; j'espère qu'à présent
                il aura compris quél était mon but et mes désirs.

                        Adieu à tous mes amis, à tous mes voisins, je demande exprés-
                sement à mon père d'être digne et calme.

                        Je pardonne à tous ceux qui m'ont offensé. Si j'ai eu des torts
                envers quelqu'un qu'on veuille bien me le pardonner.

                        Priez et travaillez pour une FRANCE plus belle. Je suis heureux
                de lui sacrifier toute ma jeunesse et ma vie.

                        Ma chère petite maman, mon cher papa, toi ma chère soeur mon
                cher Marius et vous, mes chers anges, mon cher Christian et mon
                Jean-Claude, recevez mon plus doux et plus tendre baiser d'adieu.

                        Tous les jours de ma cellule, je regardais le clocher de ce doux
                pays où j'ai vécu. Si j'avais supposé une vie aussi courte, je ne
                vous aurais jamais quittés, je serais resté auprès de vous un paysan.

                        Tous mes baisers, mes derniers baisers sont à vous. Je penserai
                à vous jusqu'au dernier moment.

                                                Adieu, Adieu

                                          CHAUMEIL Pierre

                        Je veux espérer que ma lettre vous parviendra.

 
"BONUS PHOTOGRAPHIQUE"


Pierre Chaumeil (Crédit photographique : Musée Edmond Michelet - Ville de Brive - cote M_34)

La copie de sa dernière lettre, transcrite ci-dessus (Doc. familial JPC)
(mars 2015 : nous avons eu la douloureuse obligation de taguer ce document, suite à l'appropriation que certaine s'en ai faite, pour l'inclure dans un jeu, une devinette, un quizz comme c'était écrit...
Lamentable !)

L'hôtel Terminus, siège à Brive de la Gestapo et de la Kommandantur,
où Pierre Chaumeil fut "interrogé" et torturé, avant d'être exécuté (Doc. delcampe.net)

Vue générale de Brive depuis l'hôtel Terminus.
Sans doute le paysage que voyait Pierre Chaumeil depuis sa cellule :
les 2 clochers sont au centre, l'un derrière l'autre (Doc. delcampe.net)

La carrière des Perrières où il fut fusillé par les occupants allemands, en compagnie de 3 autres Résistants :
Marc Besso, Guy Bonjour et Pierre François.
Sur la paroi, des traces de balles. C'était le 17 juillet 1944 (Cliché JPC - Avril 2014).

La plaque qui a été apposée en 2009, pour rappeler leur sacrifice (Cliché JPC - Avril 2014)



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