A l'occasion d'un exposé fait en 1998, déjà, sur le thème de la Résistance, exposé qui fut ensuite publié dans le bulletin des Anciens de l'Armée secrète en Haute-Corrèze, l'historien Jean-Michel Valade évoque la Résistance en Corrèze.
En sa qualité de chercheur, il note que, "à la différence de d'autres départements, l'histoire de la Résistance en Corrèze, dans sa globalité, reste encore à écrire". Remarquons en passant que nous sommes à un moment où Mr David ne nous avait pas encore livré son "Visages de la Résistance" et son "Résister, Passion d'Espérance". "On peut et doit s'en étonner", écrit-il. Il pose la question : "Alors, à quoi est dû ce constat de carence ?". Et il avance une hypothèse : "Le terrain est miné. Mes travaux "en aval" de la Résistance -pour parler comme les géographes- m'ont donné la désagréable sensation que, dans ce domaine là, il existe "une mémoire convenue" de la Résistance qu'il n'est pas toujours opportun de confronter, par des recherches, à "une mémoire savante". Pour d'aucun, les historiens sont des sortes de gêneurs".
Il parle plus loin d'amnésie, de malaise, de manque de tolérance, et fournit des exemples.
Profitant de la présence dans nos archives familiales d'un document, pourtant connu dans certains milieux, mais dont personne n'a jamais osé reprendre la teneur, ni même tant soit peu l'évoquer en ce qui concerne sa partie principale, nous soulevons ici un tout petit coin de cette chape de plomb qui recouvre l'histoire de la Résistance en Corrèze.
Il s'agit de l'éditorial, à lire à tête reposée, rédigé par Edmond Michelet, et publié dans le numéro 300 du journal Brive-Informations, en date du 15 Août 1945, un an après la Libération de Brive. Un numéro spécial. Ce jour là, on inaugurait, face au collège qui avait abrité la garnison allemande, la stèle de la Libération de Brive.
Il s'agit de l'éditorial, à lire à tête reposée, rédigé par Edmond Michelet, et publié dans le numéro 300 du journal Brive-Informations, en date du 15 Août 1945, un an après la Libération de Brive. Un numéro spécial. Ce jour là, on inaugurait, face au collège qui avait abrité la garnison allemande, la stèle de la Libération de Brive.
Nous en publions de larges extraits. Nous passerons toutefois sur quelques considérations relatives à Bismark ou Guillaume II -et la suite-, sans grand rapport avec le thème de notre rubrique.
Merci à Jean-Michel Valade pour avoir bien voulu nous autoriser à utiliser ses travaux qui ont servi de charpente à notre introduction.
Merci à Jean-Michel Valade pour avoir bien voulu nous autoriser à utiliser ses travaux qui ont servi de charpente à notre introduction.
PREMIER ANNIVERSAIRE
par Edmond MICHELET
N.D.L.R.
... "ne viendront plus chercher la soupe parfumée
Au coin du feu, le soir, auprès d'une âme aimée..."
Au coin du feu, le soir, auprès d'une âme aimée..."
Quand j'évoque ces francs-tireurs clandestins de l'hiver 40-41, ces distributeurs nocturnes des premiers tracts "séditieux" qui allaient de Limoges à Clermont-Ferrand et de Périgueux à Aurillac réveiller tant de Français encore frappés de stupeur après le désastre de l'abominable printemps précédent, quand je songe à l'enthousiasme qui animait alors et les militants chevronnés des vieilles luttes illégales et la folle imprudence des débutants de la jeune résistance, quand je me souviens de l'union ardente, fraternelle, affectueuse qui animait tous ces combattants des temps héroïques, comment ma voix ne se ferait-elle pas plus sourde, ma parole plus mélancolique ?
... Plus tard nos petits-enfants, en passant devant ce monument qui sera, je l'espère, entouré bientôt lui aussi d'un de ces admirables parterres de fleurs qui font honneur à la fois aux jardiniers de notre ville, à la municipalité qui les as voulus et à celle qui les entretient avec tant de sollicitude; plus tard, quand les écoliers insouciants viendront flâner dans ces parages, il n'est pas sûr qu'ils "réalisent" pleinement, comme on dit aujourd'hui, tout ce que représente ce granit rose apporté ici des hauteurs d'Aubazine au lendemain des noires années de misères et de deuils, de détresses et de larmes.
Edmond MICHELET
"BONUS PHOTOGRAPHIQUE" Ci-dessus, à gauche, le quart supérieur gauche du numéro spécial de Brive-Informations édité à l'occasion du premier anniversaire de la Libération de Brive, dont nous avons repris l'éditorial signé d'Edmond Michelet (Doc. familial JPC). Ci-dessus, à droite, la stèle de la Libération de Brive, parfois appelée "le caillou", extraite du Cromlech du Puy de Pauliat à Aubazine, ainsi que cela est gravé sur son socle (Doc. delcampe. net). Ci-dessus, l'inauguration de la stèle, place du 15 août 1944, en face de l'actuel Lycée d'Arsonval, avec, de haut en bas : - les personnalités, parmi lesquelles Mr H. Reynal (Président de la section de BRIVE du M.R.P.), le sénateur Labrousse, Mr Chantelauze (Préfet de la Corrèze), Mr Boursicot (Commissaire régional de La République), Mr Labrunie (Maire de Brive). Même si Edmond Michelet n'a pas été autorisé à prendre la parole, de nombreux discours ont été prononcés, et il semble qu'il était présent à la cérémonie. - le fanion de la glorieuse compagnie As de Pique. - le dépôt d'une gerbe de fleurs par les autorités. (Documents Brive-Informations n° 310 du 28-8-1945, photographiés par JPC - AD 19, cote 144Pr1) (Cliché JPC) Soixante-neuf ans plus tard, le 15 août 2014, pour le soixante-dixième anniversaire de la Libération de la ville, le souvenir est toujours vivace, même si la grande foule n'a pas été au rendez-vous. Les personnalités sont toutefois nombreuses à déposer des gerbes. |